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Ce SRAS a faim
9 janvier 2006

Chine du Nord

Benxi.Haerbin.Jilin.Shenyang.Benxi.

2000 km en 4 jours.

Jack Johnson pour calmer les nerfs dans le lecteur Mp3.

p1060001De Haerbin, seule l'église Sainte Sophie, curiosité orthodoxe et vestige de la présence russe sur le territoire, aura mérité que nos doigts se rigidifient sur l'appareil pour être immortalisée lors de notre passage dans cette ville combien hostile à toute entreprise de pacification.

Le train nous gerbe à 3h30 vendredi matin, sur une place sombre où nos têtes se lèvent et restent suspendues dans l'air, déconcertées de ne pas apercevoir le roi Mao qui traîne sa pierre sur toutes les places de Chine et de Taïwan... quatre cents taxis attendent les derniers trains de la nuit et leurs voyageurs somnambules pour les conduire vers leurs hôtels, bookés des jours à l'avance en prévision de l'afflux humain que draine le "Festival des Lanternes de Haerbin" ; inconscients ou fiers de partir sans point de chute nous avions négligé le détail de l'hôtel, ce qui nous nous en rendons compte n'est plus un détail maintenant que nous sommes au milieu du drame : -25°C, drogués au sommeil, sans carte fiable de la ville ni Lonely Planet à jour.

Alors on se dirige vers celui qui hurle le plus fort, qui perce notre conscience de sa voix glaviotteuse et nous traine jusqu'à son radeau pourri, bloqué derrière une file de cinquante voitures dont on n'espère pas se libérer avant dix minutes, temps béni pour faire comprendre à notre chauffeur que nous voulons aller à trois rues de là dans une auberge qui en réalité, mais nous ne l'apprendrons que bien plus tard, n'existe plus dans les annuaires terrestres. Notre malheur vient de ce que le rat d'égoût repêché on ne sait comment et dont la transmutation humaine a si idéalement fonctionné qu'on le prendrait pour un humain, malgré la paupière basse qui caractérise les êtres bas de plafond, enclenche la marche arrière, rebondit sur le trottoir de vingt centimètres de haut, éclatant ses deux gentes sur le béton, et propulse entre les passants sa F1 dont il agrippe le volant avec la hargne des directs à la télévision.

Cahotements et soubresauts ne nous sortent pas de notre torpeur engourdie jusqu'à ce que l'infâme ne roule son oeil vers nous : " vous voulez aller où déjà ?" jette l'impudent menteur. Outrés, on claque les portières et dévale la rue dans le sens inverse, sans projet mais animés de haine, tandis que le chauffard n'hésite pas à laisser son taxi au milieu de la chaussée pour nous réclamer les quelques pièces d'une course inachevée. L'empoignade est inévitable, je vole à terre, harponnée par mon sac à dos, et Sammaël résiste aux ruades ridicules du taxi qui veut nous arracher notre seul objet de salut, notre Graal de deroutés, notre flambeau dans la nuit du mal : le Lonely Planet.

Courageux mais pas du tout téméraires, on accepte de le payer s'il consent à nous ramener à notre point de départ deux kilomètres en amont... et pour montrer notre mécontentement, Sammaël a le projet de cracher par terre d'un air mauvais, cependant c'était sans compter sur ma propre démonstration de haine qui se résume à défoncer d'un coup de pied la portière d'où sort notre héros prêt à lancer son crachas. Le voilà, malheureux, étourdi par un objet contondant qu'il n'identifie qu'après que je me confonde en excuses : il s'est manifestement pris la concrétisation de ma haine dans la mâchoire...

On check-in, check out d'un hôtel minable pour se promettre de quitter cette ville de surconsommation sans teint dès le lendemain pour Jilin dont la description sur papier glacé nous autorise à fantasmer, enfin, la Chine du Nord avec ses montagnes sacrées et son lac volcanique.

Haerbin livre sa rue aux colonnades russes et ses toits en flèches sans nous émouvoir ; nous découvrons un fleuve gelé qui accueille nos pas hésitants et nous prend dans ses glaces au coucher du soleil. Sur cette étendue de huit cent mètres, nous nous raisonnons pour rentrer alors que nous vivons notre plus beau moment à Haerbin.

p1070018              p1070023                                       

p10700245 heures de train pour Jilin. Les plaines sucrées de Chine du Nord fascinent. On regrette leur défilement dans le soleil sirupeux des fins de journées. Elles acceptent de revenir hanter un peu la pellicule pour ceux qui n'ont pas les mémoires qu'ils souhaitent et pas assez de poésie dans les yeux pour avaler goulûment ce moment incroyable.

             

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Les rives du fleuve de JILIN nous réserve un spectacle auquel nous ne croyons plus : des centaines d'arbres givrés par la condensation de l'eau chaude que déverse l'usine locale et du froid ambiant. Les chinois viennent ici en paquet profiter de ces instantannés pour poser de façon "romantique" sur des photos retouchées à force de floutés et de tons pastels. Nous nous contentons de la beauté froide des bleus naturels qui s'échappent des nappes nuageuses, idiots silencieux le long des berges.

               

                                                                                   

Vous pourrez lire ce fichier avec Windows media player, c'est nous qui interrogeons des chinois ; on est fatigués et on a du mal à se faire comprendre, désolée. Attendez l'internationale finale au moins !!

REC011.wav

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