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Ce SRAS a faim
20 mai 2006

L'art en Chine

dsc015071


Dashanzi,

Galerie 798

à Pékin


"Qi Jiu Ba", c'est un peu le Tacheles de Berlin, ce bâtiment modèle qui continue d'être le foyer d'accueil des artistes alternatifs, qui laisse ses portes battre au vent pour que les passants osent entrer et longer les couloirs dégradés jusqu'aux ateliers des peintres/ sculpteurs/ installationnistes/ photographes/ modeleurs/ musiciens/ bidouilleurs/arrangeurs.

Si le Tacheles occupe le centre-ville, Les galeries "798" logent en lointaine périphérie. On n'y entre pas par hasard donc mais on prévoit un long périple pour accéder à la troisième ceinture de la ville. L'effet d'errance esthétique est donc quelque peu manqué et c'est peut-être ici, sur ce léger détail, qu'on commence à tiquer...

L'art est en marge, l'art est difficile d'accès en Chine et réservé à ceux qui sont au courant de l'existence de tels lieux, à ceux qui ont les moyens de payer le taxi pour aller dans un coin reculé de Pékin mal desservi, à ceux qui ont le temps, autre richesse, de consacrer trois ou quatre heures à la flânerie.

L'art chinois ? En France, il peut s'avérer laborieux d'aller chercher dans notre package culturel le nom d'un artiste chinois moderne. Et on comprend pourquoi, les lieux artistiques n'ont pas leur place dans l'espace urbain ; l'espace urbain n'a jamais été pensé comme esthétique : les tours de Shanghai ou de Pudong, bien qu'elles soient l'oeuvre d'architectes fameux, ne jouent pas sur la rupture, la surprise de l'oeil, il y règne l'uniformité des lignes et des angles. La ville moderne n'est qu'un cliché d'elle-même.

J'aime Berlin car on a su y intégrer diverses constructions, la Volksbühne et le Philharmonique, la Potsdamer Platz et la Branderburger Tor surprennent sans cesse. Dans cette ville, l'art est une forme de vie intégrée au noyau urbain, alors qu'à Pékin l'art est couvé, enterré, séparé artificiellement de la vie. L'art, chose inerte et délaissée.

Le projet de la galerie "798" est toutefois audacieux pour une Chine encore très traditionnelle et il n'est pas inintéressant d'aller y faire un tour.


Faisons donc le tour de ma sélection :

Le lieu est bien choisi, d'anciens ateliers d'usine dont on a gardé quelques machines pour la mémoire du lieu. Clair, spacieux, bien aménagé, beaucoup de banquettes pour profiter au repos des 360° de la salle.

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Les oeuvres se débattent encore beaucoup avec le fantôme des années Mao et on peut reprocher aux artistes d'un peu trop se copier les uns les autres.

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J'ai un faible pour cette peinture, version tryptique du cri de Munch. Badges, uniformes, casquettes ternes contrastent avec le fond coloré et très kitsch (le cochon, les billets roses !!) ; on les sent un peu écrasés par les masses colorés ces pauvres hommes-troncs emprisonnés, accolés à la limite de la toile. J'aime le comique qui ressort de cette toile, les visages grimaçants ; je trouve même que le troisième homme à droite ressemble davantage à un vendeur Mc Do qu'à un travailleur maoiste.


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L'humour est un thème transversal des lieux d'exposition à Dashanzi ; la dérision c'est le seul miroir qu'on peut tenir à bout de bras quand il s'agit d'attaquer le cliché que la Ville est le futur de la Chine ; "being in Bejing means success" dit l'artiste qui a étêté ses personnages hilares de bonheur. Comme si le reste du pays disparaissait dans l'ombre, à quelques lettres près l'existence "being" se confond avec la ville "beijing". Quid des campagnes ? quid des villes de province? Rien justement et c'est bien là le problème de l'attitude d'aveuglement du gouvernement qui a du mal à accepter le fait que la Chine c'est aussi un milliard de personnes ailleurs qu'à Shanghai et Pékin.

Ces hommes béats aveuglés n'ont pas d'yeux pour l'insuccès qui frappe les autres villes chinoises.



J'ai un faible pour l'humour noir de ces photos qui font partie d'un ensemble de quatre photos présentant les corps morts d'une famille modèle, étrange... et très esthétisant.

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