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Ce SRAS a faim
25 janvier 2006

Thailande 2/3 - on commence a apprecier

map_thailand2La Thailande a du mal a nous seduire apres les moments formidables d'humanite que nous avons connu en Chine et qui nous restent a decouvrir. Impressions d'eloignement, qu'on est uniformement pris dans la masse des touristes qui ne se depetrent pas de leur mauvais thai. Heureusement que certains moments reconcilient avec le voyage comme on l'aime.

p1200138Vous en etiez restes a notre escale a Mae Sod ou Sammael commencait sa crise reactive aux pillules bleues pas magiques du tout. Nous avons serpente ensuite par la ''death road'' pendant 4 heures pour rejoindre un village delicieux, aux superbes maisons en tek ; la susdite route tient son nom des villages karen qui la bordent et qui abritaient dans les annees 80 un bastion combattif de villageois qui en avaient apres les forces gouvernementales et organisaient embuscade sur embuscade. Vous pouvez admirer ici la moto qu on a monte dans notre sangthaew et le monsieur qui a chevauche la moto pendant le trajet car il n'y avait plus de place.

p1230183Tout le monde sachant qu'un village a ses limites quand on a fini d'en parcourir le perimetre, nous prenons l'option chutes d eau de Thilawsu. Cependant  on a vite compris pourquoi tout le monde preferait booker un voyage organise vers cette curiosite naturelle et etre pris en charge, meme pour un prix affolant ; aucun transport public ne prevoit de desservir cette destination eloignee de 45km du village, car ce buisness est reserve aux tour operators ; nous attendons sans espoir deux heures a la gare des bus mais tout le monde nous ignore et nous jauge d un mauvais regard pensant surement que nous sommes des ecerveles qui n ont pas compris que les treks organises c etait mieux pour tout le monde car ils n avaient pas a supporter notre mauvais thai et nous leur mauvais anglais.

p1220140Histoire de detendre l atmosphere, les deux amis avec qui nous voyagons etant artistes ambulants, sortent leur materiel de spectacle, leurs longs batons qu ils font rouler partout sous tous les angles de leur corps ; je me lance pendant ce temps dans une partie de ''dessinez c est gagne '' avec les enfants du coin enthousiastes de connaitre autre chose que la tele pour une fois. La television est une obsession en Asie ou on retrouve indifferemment dans les salles obscures de toutes les maisons, de tous les restaurants le meme regard vide hallucine plante dans l'ecran. Valerie, la gymnaste a la souplesse extraordinaire epoustouffle meme les adultes a force de grands ecarts et de pirouettes. on nous lache apres deux heures l'information qu'un sangthaews, ce moyen de transport a deux banquettes et couvert d une toile ciree, qui peut accueillir de 8 (en chargement raisonnable) a 15 personnes (quand les thais ont vraiment besoin d argent et que les voyageurs ne craignent pas de voir la route defiler sous leurs pieds pendant qu ils s accrochent aux cotes exterieurs de l engin) part pour notre destination.

p1220155p1230178Nous voila donc lances sur les routes dans des sangthaews pourris qui nous deposent a des croisements de routes pour nous reprendre quelques deux cents metres plus loin quand ils s apercoivent que nous n avons pas accepte de payer  1000 baths pour qu un pote a eux nous conduise aux chutes d eau et que nous continuons coute que coute a marcher sur l'asphalte attendant la generosite d un chauffeur. On se retrouve finalement a l'entree du parc naturel sous les yeux ahuris des gardes barrieres qui n ont jamais vu d humains passer cette frontiere mais seulement des vehicules motorises. Reste encore 25km a parcourir. Rassemblement de l'equipe, point time, point provisions : il est 3h la nuit tombe dans deux heures et un marcheur faisant a bonne allure du 4-5km/h il nous faut 5h de marche pour arriver a bon port, nous detenons trois litres d eau pour 4 personnes et une bouteille de coca glacee, enfin trois portions de riz ax legumes et une de riz blanc pour le convalescent constituent notre festin. On compte qu on arrivera jamais avant la nuit. C est alors que la perspective de passer la nuit dans une jungle thailandaise, entre autre habitee par les leopards, les tigres, les pantheres, et les cobras royaux avec une seule tente deux places tirees entre deux profusions de bamboos dont les craquements mysterieux evoquent aux cervelles petries de films gore, des scenes d eviscerations assurees, enleve beaucoup de magie a la splendide lumiere du jour si rassurante.

Par chance un pele rentre chez lui et nous avance de 10km dans son 4x4. Plus que 15km, c est faisable

On en marche 7/8, desesperant de ne cesser de monter et descendre des pentes qui ralentissent notre rythme. La lumiere baisse et la commence une ascension ardue et reguliere qui brise les jambes : le desespoir est total quand une voiture pleine de touristes ronflant nous assure qu il nous reste encore 8km et que la cote se renforce lors des prochains 4km.

On s ecrase par terre au point final de la phrase. Abandon des troupes. p1220143

Dieu qui est grand nous envoie alors Gabriel dans sa Range Rover hurlante de moteurs. Gabriel est un guide qui accompagne trois New-yorkaises en trekking de trois jours  ; en se penchant pour voir par la vitre arriere on apercoit en effet trois epaules blanches confortablement installees sur les banquettes moelleuses, tandis que nous voguons sur des tonnes de sacs dans le coffre. Le guide nous applaudirait presque s il ne risquait de passer par dessus la rambarde de securite tant la route secoue cette petite societe.

L'office qui sert d accueil touristique refuse de negocier son prix de location de tente, nous nous lancons donc dans la technique qui a si bien fonctionne cette apres midi meme a la gare routiere : user leur patience asiatique, pourtant si legendaire sur la planete. Et comme vous vous y attendez peut etre.... nous n'y arrivons pas !!!

Sammael et moi nous raisonnons pour payer cette tente hors de prix et nous avancons sans honte vers celui a qui nous avons tourne le dos quelques minutes avant. Cette fois, l homme secoue la tete : il n a pas de tente disponible, o comble des combles!! Je precise a l audience que pas un seul bipede ou quadrupede n est venu reclame une tente pendant notre epreuve d intimidation. Une conclusion s'impose et nous laisse gaga : l'homme negociait ferme avec nous une tente qui jamais n existat.

Heureusement que Gabriel en avait une de secours qu il nous ceda avec un sourire pour la nuit. L'aide vient decidemment toujours de l'endroit ou on l attend le moins et souvent de maniere excessive.

p1220158Notre bonne etoile nous conduit jusqu'au poste de controle des tickets, droit dont il faut s'affranchir, totalement arbitraire pour se faire des thunes sur notre dos. Nous n'avons pas de ticket ; le garde en poste avait vu la veille notre capacite a emmerder le monde en faisant des etirements de kung fu, en chantant des chansons, et en etalant le contenu de nos sacs devant l'office et nous fit signe de passer officieusement. Les chutes sublimerent nos yeux et l'eau fraiche affermit nos chairs.

Le retour fut plus facile en auto stop avec des touristes thais de Bangkok.

ce periple qui nous couta 30BHT chacun, d autres s'en accomode a 1000 bht. Voila une suee que nous avons bien gagnee !

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Commentaires
M
Comme tes mots doivent venir d'une realite hyperpresente que j'en ai les doigts qui palpitent de frayeur, je me demande s'il est bien sage d'accepter cette offre genereuse qui pourrait n etre que .... virtuelle<br /> <br /> mais si ca tient toujours dans quelques mois et que tu n as pas fondu dans l ecran de ton reseau, alors oui envoie le de Lyon par Colipost et tache de te mettre dans la boite avec !!!<br /> <br /> Merci a toi d etre un programmateur de virtualite qui vont nous faire passer notre dernier mois d'hiver a Benxi, et vive MORROWIND
M
En lisant ces récits et en examinant de près ces minuscules images sur mon écran géant, j'ai d'abord eu peur. Dans mon esprit ont surgit ces images toutes faites, d'un inconnu dangereux qui a tenté de s'imposer. Mais bien vite il a été chassé par ces rêves d'enfant, de paysages vierges souvent imaginés, de ces chaudes forêts, de cette humidité et de la force calme d'un lointain orient aux senteurs de thé. Et, tel un Corto Maltese dans ses moments de répit, je me suis plu à les parcourir, nonchalamment bercé par le rythme souple des éléments, porté jusqu'à moi par le remous des tiges de bambous, le bruissement des feuilles et le clapotis des gouttes de pluie. Je me suis vu transpirant dans un vieux débardeur, affalé dans un fauteuil en osier à rêvasser, sur cette terrasse en Tek surélevée en attendant la fin d'une averse. J'aurais tant voulu être submergé de cette multitude de sensations inconnues, mais au lieu de cela, je passe mon temps à programmer pour créer de la virtuelle et, ô combien ironiquement nommée, réalité augmentée...<br /> Merci à vous les aventuriers, de me rappeler à cette part ci de la réalité, dans laquelle un moustique vous pique et où vous êtes littéralement cloués. Parce que de mon coté, une horde de dinosaures pourrait s'amener, que je n'en sortirais même pas fatigué, peut-être un peu grippé de n'être pas assez sorti... et certainement un peu déçu après m'être laissé aller à goûter cette « réelle » réalité.<br /> <br /> Vivement la retrospective, (projecteur à disposition sous réserve d'invitation).
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