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Ce SRAS a faim
29 novembre 2005

Pensée courte

Quelqu'un m'a dit il y a peu à propos de mon texte sur les odeurs à Benxi : " Tu y es allé un peu fort, imagine si ton amie chinoise lit cette page, elle va mal le prendre". Alors une question se pose aussitôt à mon esprit, est ce que l'écriture doit s'encombrer de ce genre de pensée ?

Ménager la susceptibilité des autres n'est pas une matière de la littérature, pour cela on peut écrire des poèmes ou des discours lors des rassemblements annuels familiaux, briller un peu pendant dix minutes avant que les noceurs retournent à leur plat, la mémoire déjà délestée des gentilles paroles que vous avez prononcées. J'aime beaucoup écrire de belles choses pour les gens que j'aime sincèrement dans ces situations de célébration, cependant j'avoue que je ne m'en soucie plus quand il s'agit d'autre chose : de littérature.

J'ai la prétention de croire que je n'écris pas comme je pense ni comme je parle, heureusement vous dirai-je vu mon oral ! Je choisis mes mots et surtout je choisis le monde que je vois. Ainsi que ceux qui se sentent choqués par mes mots crus ou subversifs se rassurent : comme le sang qu'on voit couler dans les films gore n'est en réalité qu'un artefact, un moyen de vous faire croire à une boucherie babrbare, ma langue ne cherche pas les vraies odeurs ou la vraie couleur du ciel.

Imaginons un moment que tous les peintres aient essayé de rendre le même ciel,  la même carnation, nous ne pourrions pas mesurer la différence entre un ciel de Raphaël et un ciel de Boucher, entre les anges de l'un et ceux aux fesses rebondis et rosissantes de l'autre...

Je réclame mon droit à la violence verbale, à la cruauté virtuelle, sans égard pour mes proches, car c'est à eux qu'il revient de comprendre que je suis quelqu'un d'autre, je suis l'Ecrivant et non plus Moi. Vous parlez à quelqu'un de différent sans le voir.

Pour écrire, il faut du courage car la peur du regard de l'autre peut stériliser une écriture. Ma mère m'a toujours répété que Montaigne ne s'est mis à écrire  que tardivement à la mort de ses parents, à la mort du jugement qui le touchait le plus.

J'espère ne pas avoir à attendre ce jour. Que ce regard se fasse plus léger : ne jugez pas la personne mais son oeuvre.

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Commentaires
M
Celui là je l'ai placé, c'est déjà ça...<br /> <br /> <br /> "je choisis le monde que je vois", merci Marie, de me rassurer.<br /> Il est vrai qu'après avoir lu ce succulent passage sur les odeurs de Benxi, je me suis retrouvé, pendant quelques instants, pris de vertige dans ce monde incertain d'où les bisounours et l'arc en ciel merveilleux venaient d'être bannis, à grand coup de cette sombre réalité.<br /> Et c'est pris de doute, assailli par l'angoisse, que je me suis réfugié dans mon fauteuil, - qui, dieu merci, avait conservé sa consistance - pour toutouner nevrotiquement mon doudou tout baveux.<br /> Et, finalement rassuré par cette extrème session de sucotage, je me suis laissé aller à réfléchir, sans y accorder plus de crédit que ça, à ce monde terrifiant que tu décrivais.<br /> <br /> Et je me suis alors rappellé, que sur ma table ikéa, made in China, l'an dernier j'écris cela:<br /> <br /> A force de chercher le sublime et le sacré<br /> on finit par s'embourber dans la réalité<br /> Et de nos rêves ephémères, juste un instant effleurés,<br /> on ne garde, hélas, qu'un souvenir amer...<br /> <br /> Et j'ajoute,<br /> <br /> Bénis sois ceux qui, aux merveilleuses oeilleres,<br /> font confiance aux modernes dieux qui au travers <br /> de ce cathodique autel, leur soufflent des prières<br /> faisant s'épanouir cette chine enchantée.<br /> <br /> Mais je lève mon verre et dédie ma bière<br /> à cette réalité et à vous, combattants fiers<br /> d'aller vous confronter à cette terrible et responsabilisante misère. <br /> <br /> Car si le sang et la sueur versés, ne teintent pas ce bois,<br /> Je suis sûr d'arriver, fouillant aux tréfonds de moi,<br /> à percevoir cette couleur, synonyme de douleur,<br /> que depuis toujours nous reléguons ailleurs,<br /> bien loin, enfouie dérrière nos coeurs.<br /> <br /> <br /> Bien vite heureusement, j'ai balayé cette alternative réalité, qui vraiment commencer à me monter au nez.<br /> Pour retrouver mes bisounours et ma télé.
M
tu déplaces le sujet et c est cool on peut le voir plus politique !! moi je pensais a la liberté d'imagination, toi tu penses à celle de chaque homme de ne pas priver l autre de la critique.<br /> Que ceux qui m'aiment me suivent, toi tu me suis au moins c est déjà cela.<br /> <br /> je m'emerveille chaque jour des perles qu on trouve dans les grosses bouses chinoises. J'aime la Chine, mes élèves me surprennent tous les jours un peu plus, en se livrant à l'étrange personne que je suis. <br /> <br /> Prochaine étape et pas des moindres : "Y a d'la joie" de Trenet chanté par 40 élèves le 9 décembre, moi au centre du groupe, face à un public parents-profs-directrice-élèves soit plus de 6 000 personnes. Je crois que je fais plus d'entrées que n'importe quel artiste en passe de succés sur Paris à la Boule Noire en ce moment !!!<br /> je devrai peut etre demander un pourcentage...
S
Doit on menager les sensibilités? J'ai de mes yeux vu un chinois se désoler de la destination "choisie" par Marie, et s'exclamer : "Oh non,elle va détester la chine!".<br /> Hesite-t-on à dire de la France qu'elle est parfois raciste (cf dernière présidentielle), des Parisiens qu'ils sont speeds et souvent désagréables, de la Creuse qu'elle fut le trou du cul du monde avant qu'on entende parler de Benxi, de Paris que c'est pollué, des Français qu'ils sont raleurs, et du gouvernement qu'il revend la propriété des citoyens (autoroutes, edf-gdf, sncf, c'est pour ça qu'ils font grèves...) à des prix faisant rougir de honte nos trois fois rien parisien. Alors penser que les chinois ne se rendent pas compte que la Chine n'est pas la perfection même, c'est leur enlever certaines caractéristiques propre à l'espèce humaine. Est ce très Français comme regard? Peut être... on verra au prochaines présidentielles.
Ce SRAS a faim
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